Une farouche liberté d'Annick Cojean

Une farouche liberté, le combat de toute une vie pour la justice sociale, le refus du déterminisme de classe et le rejet de l’obscurantisme. Elle en était convaincue depuis sa prestation de serment, elle ne se soumettrait pas à des lois archaïques, patriarcales et profondément injustes ! Elle ne s’est jamais soumise… elle a combattu sa vie durant ! Bienvenue dans le monde de la célèbre Gisèle Halimi !

L’ouvrage est construit comme une interview, menée par Annick Cojean, grand reporter au Monde, qui donne la parole à la célèbre avocate féministe, Gisèle Halimi. Ces propos ont été recueillis quelques semaines ou mois avant son décès, sorte de rétrospective de ce qu’ont été ses combats et ses engagements.

Gisèle revient sur son enfance tunisienne dans un milieu conservateur qui a toujours cherché à étouffer ses ambitions. Elle s’insurge très tôt contre les normes patriarcales qui s’imposent à elle. Elle réussit toutefois à s’envoler pour Paris, ville de tous les possibles où elle achève de brillantes études et devient avocatE avec un grand E ! Dès lors, elle n’a jamais cessé de se battre pour défendre les plus faibles et « choisit la cause des femmes » comme le nom de son association l’indique.

Ses mots sont remplis de ferveur et de conviction, elle se remémore avec passion les combats qu’elle a menés, de Djamila Boupacha à la jeune Marie-Claire, elle s’est battue bec et ongles pour que justice leur soit rendue, toujours dans l’irrévérence quand la loi lui semblait néfaste et contraire à l’émancipation féminine !

Elle évoque avec beaucoup d’émotion ses amis et compagnons de lutte. Sartre, Beauvoir, Bedos et les autres, la famille choisie… écrit-elle… elle se remémore les soirs de lutte aux idées visionnaires, soirées qui étaient bien souvent des soirs de fête et de bonheur partagé !

Gisèle Halimi met en garde, interpelle, elle a ouvert la voie à travers ses combats pour l’accès à la contraception, la légalisation de l’avortement, la parité au sein des organes politiques… mais le combat est loin d’être gagné, Simone de Beauvoir disait « Rien n'est jamais définitivement acquis. Il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Votre vie durant, vous devrez rester vigilantes », en ces temps de crise sanitaire, ces mots ne peuvent que faire écho.

Gisèle s’est éteinte le 28 juillet 2020, malgré son travail titanesque et les grandes avancées qu’elle et d’autres ont portées, elle quitte un monde dans lequel naître femme reste encore une malédiction dans la plupart des pays. La lutte ne doit jamais cesser.