Biopic

  1. Le Cas Richard Jewell / Clint Eastwood
  2. De Gaulle / Gabriel le Bomin

 

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Le Cas Richard Jewell / Clint Eastwood (Biopic, 2020)

Synopsis : Le 27 juillet 1996, pendant les Jeux Olympiques d’été à Atlanta, un vigile du nom de Richard Jewell découvre un sac à dos suspect caché derrière un banc. Très vite, on se rend compte qu’il contient un dispositif explosif. Sans perdre une minute, il fait évacuer les lieux et sauve plusieurs vies en limitant le nombre de blessés. Il est acclamé en héros. Mais trois jours plus tard, la vie de ce modeste sauveteur bascule lorsqu’il découvre, en même temps que le monde entier, qu’il est le principal suspect de l'attentat aux yeux du FBI...

Analyse: Clint Eastwood a souhaité porter à l'écran l’histoire tragique d’un héros ordinaire (ce qu’il avait déjà accompli ces dernières années) dont la vie a été bouleversée par la presse et par les forces de police qu’il idolâtrait : ou quand la machine judiciaire américaine broie la vie d’un honnête citoyen. Le personnage principal est interprété par Paul Walter Hauser, un jeune acteur de trente-quatre ans qui rencontre ici son premier véritable grand rôle au cinéma. Il s’est habilement approprié le personnage au travers ses mimiques et son élocution et a tenu à lui rendre justice à sa façon, en l’incarnant. L’acteur a ainsi visionné des vidéos afin de s’approprier sa gestuelle et de coller ainsi au plus près à ce qu’il était.

Le film s’attache au point de vue de Richard et au binôme qu’il forme avec son avocat Watson Bryant (Sam Rockwell), la première personne à croire en l’innocence de Richard après sa mère, celle-ci brillamment interprétée par Kathy Bates (Misery). La journaliste Kathy Scrubbs (Olivia Wilde) est quant à elle un personnage plus complexe qu’il n’y parait, tiraillée entre ses ambitions professionnelles et sa conscience.  
Le tournage du Cas Richard Jewell s'est déroulé à l'été 2018 à Atlanta et dans ses environs où les faits se sont déroulés. Pour faire en sorte que le film évoque les événements avec le plus grand réalisme, le cinéaste a fait appel à ses fidèles collaborateurs comme le chef-opérateur Yves Bélanger, le chef-décorateur Kevin Ishioka et le régisseur d'extérieurs Patrick O. Mignano. L'équipe artistique a reconstitué de nombreux décors, comme la salle de rédaction où travaille la journaliste Kathy Scruggs, menant systématiquement des recherches approfondies pour que l'architecture des lieux ne soit pas anachronique, puis en l'aménageant pour les besoins du film. Le décorateur de plateau Ron Reiss a tenu à aménager le décor de l’Atlanta Journal Constitution avec des accessoires comme des fontaines à eau, des horloges de l’époque, des machines à écrire etc., afin que le spectateur puisse ressentir l’authenticité des scènes se déroulant dans la salle de rédaction. Le souci du détail s’est même porté sur la tenue vestimentaire des quelques 600 figurants au début du film qui devait respecter les codes de la mode des années 90.

Le chef opérateur Yves Bélanger concocte une esthétique de film noir en s’appuyant sur l’utilisation d’un éclairage minimaliste accompagné d’un travail sur le contraste des images. Ce qui rend ce film passionnant, c’est sa mise en scène qui nous implique directement à l’époque des faits et nous tient en haleine jusqu’au dénouement de l’histoire.

Le Cas Richard Jewell est un très bon Eastwood, réalisé par un cinéaste fortement impliqué et porté par des acteurs et actrices d’exception, superbement dirigés par le cinéaste. Un film qui nous questionne également sur la complexité des médias et leurs pouvoirs quelques années à peine avant le déferlement d’internet dans nos vies…

 

 

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De Gaulle / Gabriel le Bomin (Biopic, Historique, 2020)

Synopsis : Mai 1940. La guerre s'intensifie, l'armée française s'effondre, les Allemands seront bientôt à Paris. La panique gagne le gouvernement qui envisage d'accepter la défaite. Un homme, Charles de Gaulle, fraîchement pourvu général, veut infléchir le cours de l'Histoire. Sa femme, Yvonne de Gaulle, est son premier soutien, mais très vite les événements les séparent. Yvonne et ses enfants se lancent sur les routes de l'exode. Charles rejoint Londres. Il veut faire entendre une autre voix : celle de la Résistance.

Analyse : Gabriel le Bomin est déjà le réalisateur d’une série documentaire sur la France Libre. Son film De Gaulle prend le parti de dépeindre en 1h50 un épisode marquant de la vie de cette figure historique et de l’histoire de France en situant son action en 1940, l’année même de son célèbre appel sur les ondes de la BBC.

Cette année-là, De Gaulle est un homme de 50 ans dont la carrière militaire plafonne au grade de colonel. Ses théories ou ses écrits sur une guerre offensive face à l’Allemagne sont considérés avec condescendance voire mépris par l’ensemble de ses pairs, en dehors de Paul Reynaud qui devient Président du Conseil au printemps 1940, qui lui y est très attentif. C’est donc un homme qui ne parvient pas à faire aboutir ses idées et qui porte en plus la souffrance de la guerre de 14-18 durant laquelle il a été blessé et prisonnier plus de deux ans, donc peu glorieux à ses yeux. C’est à ce moment qu’il va tenter ce que lui-même décrit dans ses mémoires comme « le saut dans l’inconnu » : il choisit la clandestinité en quittant sa vie d’avant, laissant tout derrière lui et entrainant sa famille dans l’aventure, prenant tous les risques et assumant son bannissement (déchu de la nationalité, dégradé, condamné à mort par le gouvernement français).
Le scénario accorde une grande importance à la relation de Charles avec sa famille (son épouse Yvonne interprétée par Isabelle Carré) et leurs enfants, dont des scènes émouvantes avec leur jeune fille autiste. C’est un portrait du futur général aussi bien politique qu’intime qui nous est dévoilé.
Lambert Wilson s’est emparé avec brio d’une figure historique dont l’incarnation par un comédien n’était pas forcément chose aisée. Sa gestuelle, sa manière de s’exprimer et l’intonation de sa voix rendent crédible son interprétation.

De Gaulle de Gabriel le Bomin séduira les amateurs de film historique (réussite des scènes de reconstitution) qui souhaite découvrir un portrait plus intime du général De Gaulle.