Films d'animation

​​​​​​Le cinéma d'animation regorge de pépites...En voici deux qui vous transporteront dans des mondes féeriques de pur poésie.

 

 

 

Ailleurs de Gints Zilbalodis (2019)

Synopsis

Un jeune garçon se réveille suspendu à un arbre après un accident d'avion. Il a atterri sur une île aussi inconnue que fascinante. D'obstacles en merveilles, il tente de traverser l'île pour retrouver la civilisation quand une mystérieuse créature se met à le suivre.

Analyse

Le jeune réalisateur Gint Zilbalodis réalise lui-même ce premier long-métrage d'animation (il avait auparavant réalisé quelques courts) où il occupe seul tous les postes, de l'écriture à la réalisation en passant par la direction artistique et la composition de la musique. On peut saluer le créatif de cet artiste multi-casquettes !

Son oeuvre est très influencée par le cinéma dit de prise de vue réelles, des films d'Alfonso Cuaron (Gravity, Roma), en passant par ceux de Paul Thomas Anderson (There Will Be Blood, Phantom Thread) ou encore par l'univers de Martin Scorsese (Taxi Driver, Les Affranchis, Casino...). Un jeune réalisateur cinéphile qui n'hésite pas à piocher dans des univers aussi variés pour composer à l'écran une histoire originale et maîtrisée tant sur le plan scénaristique qu'esthétique.
Côté animation, Gints Zilbalodis déclare être un fervent admirateur du maître de l'animation japonais Hayao Miyazaki et surtout de sa série Conan, le Fils du Futur réalisée en 1978.

Ouvert et curieux, le jeune artiste cite également volontiers l'univers des jeux vidéos pour les influences, notamment des jeux de facture indépendante où le joueur suit un personnage évoluant dans un environnement richement défini. 

Tout ce que l'on peut dire, c'est que son premier long-métrage animé Ailleurs est une belle réussite, de facture minimaliste, il réussit le pari d'envoûter le spectateur jusqu'au générique de fin.

Un film à recommander pour toute la famille !

 

Les Contes Merveilleux par Ray Harryhausen (années 1940, 1950)

Synopsis

5 courts métrages d'animation de Ray Harryhausen, le grand maître des effets spéciaux et de l'animation image par image.

Analyse

Ray Harryhausen (1920-2013) est l’un des chefs de file de la création d’effets spéciaux réalisés en stop-motion (image par image), l’un de ses plus solides artisans. Il a influencé bon nombre de cinéastes et de concepteurs d’effets actuels (Tim Burton, Guillermo del Toro, Henri Selick, Phil Tippett, le concepteur des effets spéciaux de la saga Star Wars).
Ray Harryhausen a conçu les effets de stop-motion de films cultes du cinéma fantastique des années 50 et 60 comme Jason et les Argonautes, Le Septième Voyage de Sinbad, L’île mystérieuse et plus tard au début des années 80, Le Choc des Titans.

Dans les années 40, âgé d’une vingtaine d’années, Ray Harryhausen réalise plusieurs courts-métrages d’animation adaptés des contes de Perrault (Le Petit Chaperon Rouge), des frères Grimm (Hansel et Gretel, Raiponce) ou de Jean de la Fontaine (Le Lièvre et la Tortue).

Tourné en 1949, Le Petit Chaperon Rouge est le premier de Ray Harryhausen à être tourné avec du matériel professionnel, notamment de la pellicule 35 mm. Il marque aussi une évolution notable dans le type de narration par rapport à ses précédents courts-métrages, grâce à l’emploi d’une voix-off.

Tourné deux ans plus tard, Hansel et Gretel est une adaptation libre du conte des frères Grimm. Il comporte certains éléments inquiétants (la sorcière qui veut faire cuire l’un des deux enfants, la jeune fille qui la pousse dans le four) mais atténue le rôle des parents. Les enfants ne sont ainsi plus abandonnés en forêt mais s’y rendent spontanément. D’un point de vue artistique, on remarque une évolution dans la manière dont Ray Harryhausen gère les mouvements de caméra et les effets visuels (notamment l’apparition de la maison en pain d’épices dans la clairière).

L’adaptation de Raiponce par Harryhausen se veut partielle par rapport au conte des frères Grimm. Lorsque le film commence, Raiponce est déjà enfermée dans sa tour. Le reste de l’histoire est toutefois très fidèle. Le fait de raconter une histoire d’amour inspire à Harryhausen une animation très raffinée et élégante pour les deux personnages principaux, qui rompt avec les mouvements plus enfantins de Hansel et Gretel, ou avec les grands gestes de la grand-mère dans Le Petit Chaperon rouge.

De tous les contes de Ray Harryhausen, Le Roi Midas est de loin celui qui contient la portée morale la plus évidente. La comparaison entre le roi avide d’or et sa fille qui sait se contenter de fleurs jaunes est frappante. Le « mauvais » génie, qui ressemble trait pour trait au vampire Nosferatu, est en réalité un personnage positif : son rôle est de faire comprendre à Midas sa folie. Techniquement, le film est une prouesse : les mouvements de caméra réalisés image par image sont d’une complexité éblouissante (voir le tout premier plan s’approchant du trône), et l’effet de transformation des objets en or a demandé un travail colossal à Harryhausen.

Entamé en 1952, le tournage du Lièvre et de la Tortue a finalement été suspendu par Ray Harryhausen lorsqu’il a commencé à travailler sur Le Monstre des temps perdus (1953). Cinquante ans plus tard, les animateurs Mark Caballero et Seamus Walsh ont proposé de terminer le film, en utilisant les marionnettes, costumes et décors d’origine. Le résultat est visuellement très proche des autres contes de Harryhausen, mais le ton est légèrement différent. Il ne s’agit plus d’un conte mais d’une fable, genre qui laisse plus de place à l’humour. Et si l’histoire se conclut par une morale tout droit sortie des écrits de La Fontaine, celle-ci est détournée par un gag visuel que n’aurait pas renié un épisode de Tom et Jerry.