Pour que je m’aime encore de Maryam Madjidi

L’histoire d’une guerrière, de Téhéran à Drancy.
L’autrice donne la parole à la jeune fille qu’elle fût et emmène le lecteur dans les méandres de ce que peut être une adolescence à Drancy. Elle conte, non sans une bonne dose d’auto-dérision, ses problématiques de jeune fille, allant de ses problèmes de pilosité à la classe de neige archi-ratée, en passant par le joyeux bordel qui régnait au collège et au lycée. Les références à la culture Pop des années 80 ne manquent pas, le lecteur sourit et s’y reconnaîtrait presque… mais ça s’arrête là, le charme n’opère pas vraiment… en somme, rien de bien nouveau du côté obscur du périph’!
Il faudra attendre la page 109 pour découvrir, contre toute attente, un texte puissant, un regard honnête et réaliste sur l’égalité des chances… Les quelques pages qu’elle consacre à ceux qu’elle nomme les « guerriers » sont d’une rare intensité. Elle leur rend hommage à « ces hommes et ces femmes, véritables machines de guerre de la ZEP », le terme « vocation » n’étant pas à la hauteur de l’engagement de certains, elle va même jusqu’à parler d’un « serment de chevalier ». Ce vocabulaire martial donne énormément de profondeur à son propos.
Elle emmène par la suite son lecteur de l’autre côté du périph’, chez les khâgneux ! La belle aventure ! La voie royale lui avait-on laissé croire. Mais c’était sans compter sur le gouffre culturel dans lequel elle allait s’enliser. Elle porte un regard très cru sur ces filières dites d’excellence où le pacte républicain souhaite que chacun ait sa part du gâteau… indigeste le gâteau !
Maryam Madjidi a suivi SA voie royale, des études de lettres à la Sorbonne, de longs séjours à Pékin et Istanbul, l’enseignement du français aux plus démunis. Elle écrit aujourd’hui depuis Drancy, là où elle a grandi et où, somme toute, rien ne l’empêche de voir l’horizon…