Tropique de la violence de Natacha Appanah

L’histoire se passe à Mayotte, petite île de l’archipel des Comores, dans l’océan indien . Une superstition comorienne veut qu’un enfant qui naît avec les yeux vairons porte malheur. Et c’est le cas de Moise. Cette superstition va marquer sa courte vie et de façon récurrente façonner son destin. Mais est-ce simplement une superstition ?
Après une enfance paisible, Moise se lie avec des jeunes mahorais qui l’initient à la vie libre des rues.
Nathacha Appanah décrit alors le Mayotte des laissés-pour-compte. On plonge au cœur de la misère sociale, affective, écologique. La loi du plus fort domine avec ses rites, sa méchanceté, sa violence. La corruption est de mise . La nature est bafouée, les rites honorant les génies des lieux n’ont plus cours. Dans ce pays où l’esprit des morts veille sur les vivants, on ressent la présence de puissances occultes, révoltées, vengeresses, manipulatrices.
Le rythme de la lecture est haletant. Chacun des 23 chapitres est dédié à l’un des personnages principaux, et c’est celui qui raconte. Ça donne une intensité au récit en accord avec cette singulière aventure, où le destin de chacun semble incontrôlable .
C’est un roman bref et puissant. On parcourt avec plaisir l’île de Mayotte, on découvre sa diversité écologique, et sa complexité culturelle. Et à la suite de Nathacha Appanah, on explore avec stupéfaction les méandres de l’âme humaine...